DICTIONNAIRE

km.t (peuple)


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Image numérique de km.t (peuple)

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km.t (peuple) en hiératique (dessin G. Möller).

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km.t (peuple) en hiératique dans la Payprus de Kahoun.
Etymologie

km.t [n.] (les) « charbonnés (noirs) », est un trilitère en mdw-nTr.

Ce mot est formé du radical km (charbon ; cg. I6) suivit du t (pain ; cg. X1) et du déterminatif du peuple (cg. A1-B1) au pluriel w (cg. Z2) e1.

km.t (peuple) est attesté en hiératique dans le papyrus dit de « Kahoun » (UC32157) dans une hymne dédiée au nsy (roi) sn wsrt « Senousret » e2, à la XIIème dynastie du smA-tAwy.

Transcriptions courantes :

[ciluba] «bena-bukam», «bena-kam» e3
[français] «peuple kam», «kamit(e)(s) / kemit(e)(s)», «kamtiou / kemtiou»
[english] kemit, kemtiou


Definition

Population à la peau mélanoderme/charbonée, originaire de Takam.

  • « En réalité les Égyptiens, étant des nègres, se sont désignés, comme tels, dans leur propre langue : l’expression = Remtou Kemit, par laquelle ils se désignaient, signifie mot à mot hommes noirs, race noire, et avec le déterminatif (cg. O49) indiquant le pays, on doit traduire littéralement : homme de la Noire, homme du pays noir. Et nous disons que cette dernière expression devait avoir la même acception qu’aujourd’hui, l’expression : les hommes d’Afrique noire. » [C. Anta DIOP – Antériorité des civilisations nègres (Présence africaine, 1967, 1993, p.59]
  • « Je me hâtai de chercher le tableau correspondant à celui-ci dans les autres tombes royales, et, en le retrouvant en effet dans plusieurs, les variations que j’y observai me convainquirent pleinement qu’on a voulu figurer ici les habitants des quatre parties du monde, selon l’ancien système égyptien, savoir : 1° les habitants de l’Egypte, qui, à elle seule, formait une partie du monde, d’après le très modeste usage des vieux peuples ; 2° les asiatiques ; 3° les habitants propres de l’Afrique, les nègres ; 4° enfin (et j’ai honte de le dire, puisque notre race est la dernière et la plus sauvage de la série) les Européens qui, à ces époques reculées, il faut être juste, ne faisaient pas une trop belle figure dans ce monde. Il faut entendre ici tous les peuples de race blonde et à peau blanche, habitant non seulement l’Europe, mais encore l’Asie, leur point de départ.Cette manière de considérer ces tableaux est d’autant plus véritable que, dans les autres tombes, les mêmes noms génériques réapparaissent et constamment dans le mêmes ordre. On y trouve aussi les Egyptiens et les Africains représentés de la même manière, ce qui ne pouvait être autrement : mais les Namou (les Asiatique) et les Tamhou (les races européennes) offre d’importantes et curieuses variantes.» [J.-F. CHAMPOLLION – Egypte Lettre et journaux de voyage 1828-1829 (Editions de Lodi, 2005, pp. 276-277)]

Historique

C’est à partir de la XIIème dynastie du smA-tAwy « Sema-tawy » (civilisation de l’Égypte ancienne) que les rmTw « remetou » (“égyptiens” anciens) on inventé un terme générique pour désigner les populations mélanodermes de la Vallée du Nil.

Les remetou ont choisi un élément de la nature, le charbon (kam), qui est du bois carbonisé, pour représenter leur couleur de peau et de cheveux (cg. I6-G17-D3) n1. En microbiologie nous savons que l’exposition des rayons UV sur l’épiderme, provoque la mélanogénèse (processus de la synthèse et de la répartition de la mélanine dans l’épiderme) qui est responsable de la pigmentation de la peau n2. Nous retrouvons donc le contenu sémantique de kam (noir, chaleur, brûler).

Falsification

Au XIXème siècle e.v., l’égyptologie va falsifié l’origine ethnique des remetou n3. Le racialisme et l’idée que l’humain de type mélanoderme, appelé « nègre », est un sous-homme, un animal, incapable de raison, vont influencé la majorité des égyptologues.


Notes

e1. A. Erman, H. Grapow – Wörterbuch der Ägytischen Sprache (Akademie-Verlag, 1971 | Bd.V, k, p.127)
e1. A. H. GARDINER – Egyptian Grammar, Being an introduction to the study of hieroglyphics (OXFORD, 3ème ed., 2001, pp.475, 531, 442, 448, 536)
e2. Hieratic Papyri from Kahun and Gurob (F. Ll. Griffith, 1898 ; p. 24 pl. III lines 3,5)
e3. N. Kalamba, M. Bilolo – Renaissance of the Negro-African Theology.. (Books on Demand, 2009 ; p.153)
n1. A. Erman, H. Grapow – Wörterbuch der Ägytischen Sprache (Akademie-Verlag, 1971 | Bd.V, k, p.122)
n2. CNRS.fr – Les mélanines dans la peau
n2. Photodermatologie.. (Wolters Kluwer France, 2008 ; p.63)
n2. J. Thivolet, D. Schmitt – Biologie de la peau (John Libbey Eurotext ; 1993 ; p. 84)
n3. J-J. CHAMPOLLION-Figeac – Egypte Ancienne (Paris, Firmin Didot frère, éditeurs, 1839; pp. 26- 31)